Journée Mondiale de l’Eau : chaque goutte d’eau compte

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« Sécheresse hivernale », restrictions d’eau, mais de quoi parle-t-on ?

« Sécheresse hivernale » voilà qui peut paraître antinomique. Il ne s’agit pourtant pas d’un oxymore ! Il n’a pas plu, en France, de façon significative, pendant plus de 30 jours consécutifs. Les nappes phréatiques sont à des niveaux très bas, alors que le printemps est proche. Un déficit de pluie en hiver empêche le bon remplissage des nappes phréatiques, quise rechargent entre les mois de septembre et de mars. En hiver, la nature est au repos, les arbres, les cultures ne pompent pas d’eau. C’est donc le moment durant lequel les nappes constituent vraiment donc de véritables réserves.

Une situation inquiétante

Au printemps, la végétation reprend ses droits et a besoin de plus d’eau pour pousser. Ce qui signifie que les pluies qui pourraient alors tomber, à cette période seraient en partie absorbées par la nature en pleine croissance. Les pluies survenues, sur l’hexagone, depuis le premier trimestre 2023 sont restées insuffisantes et circonscrites. Il faudrait donc un printemps particulièrement pluvieux pour modérer les conséquences de ce manque d’eau et améliorer la situation, mais pas partout et dans des proportions qui restent encore à préciser.

Une dégradation

Si l’on compare la situation de ce premier trimestre 2023 à celle de l’année dernière, on constate qu’à la même période, en février 2022, la moitié des nappes était déjàinsuffisamment rechargées vs près de 80% en 2023. Ce déficit de précipitations s’est aggravé, en 2022, suite aux canicules successives de l’été. Un phénomène peu rassurant quant aux prochains mois, quand on sait que des températures élevées favorisent l’évaporation des nappes et donc la perte d’eau.

Un point sur la situation en France : il tombe, en moyenne 512 milliards de m3 de pluie par an. Une partie de cette eau s’évapore, l’autre est absorbée par la végétation. Ces deux aspects majeurs sont ainsi à prendre en compte dans cette sécheresse hivernale : le manque de précipitation et l’évaporation, accéléré par la hausse des températures.

Des mesures aussi strictes qu’en plein été

Face à ce constat, les autorités se mobilisent et des mesures de restriction temporaire des usages de l’eau sont déjà prises dans certains départements, afin d’anticiper les conséquences de ce manque de précipitations. Ces mesures imposent une réduction des prélèvements ou leur interdiction pour tout usage jugé non-prioritaire. En clair, seuls l’approvisionnement en eau potable des populations, la santé, la sécurité civile ne sont pas impactés.

Elles sont décidées, à l’échelle départementale, par les préfets qui prescrivent des arrêtésfixés en fonction de la situation de chaque territoire. La gradualité et leur temporalité de ces arrêtés varient selon les niveaux réserves et la gravité constatée. Il existe 4 niveaux de gravité de la sécheresse : vigilance, alerte, alerte renforcée et crise.

Ces arrêtés sont envoyés au maire de chaque commune concernée pour affichage et touchent les particuliers, les collectivités, entreprises, les agriculteurs.

Pour savoir qui est concerné, le ministère de la Transition écologique et solidaire propose une carte accessible sur le site propluvia.developpement-durable.gouv.fr.

Enfin, des contrôles sont effectués par la police de l’eau sous l’autorité de l’Office Français de la Biodiversité (OFB).

Dérèglement climatique : La France est de moins en moins un pays tempéré

En France, des phénomènes extrêmes comme les sécheresses, les canicules, les tempêtes et les inondations s’amplifient, ces dernières années, avec une hausse des températures. La température moyenne actuelle, sur l’hexagone a d’ailleurs augmenté de 1,7° par rapport à celle relevée au début du XXème siècle, entre 1900 et 1930. Cette augmentation est également plus élevée que celle constatée à l’échelle planétaire (1,1°).

Autre constat, le seuil des 40° en été, très rarement atteint au cours du XXème siècle devient courant au XXIème.

Mais la crainte la plus forte serait de revivre des hivers sans pluie dans les prochaines années. Des études prédisent, une baisse des volumes d’eau, au cours des prochaines décennies. Selon un rapport de l’Inrae, en 2050 les niveaux des nappes phréatiques auront chuté de 10 à 40% et la tendance va s’accélérer. Le rapport prévoit une baisse de moitié des ressources en eau d’ici 2070 et un assèchement des fleuves d’ici la fin du siècle avec la fonte des glaciers.

Chaque goutte d’eau compte

L’eau n’est pas seulement une ressource vitale. Il faut avoir conscience que l’eau, au même titre que l’énergie, on a besoin pour tout. Bien entendu, et prioritairement, l’eau est indispensable pour nos usages et pour l’agriculture, mais également pour l’énergie, l’industrie manufacturée mais pas que… Certains secteurs d’activité sont en difficultés. Sans eau, l’ensemble de notre écosystème est ébranlé, les cultures sont menacées, mais aussi l’alimentation en eau potable et l’électricité, le chauffage.

C’est bien pour cela qu’il faut déjà s’inscrire dans une logique de sobriété : on va tous devoir consommer moins et autrement pour éviter tout conflit d’usage.

Part des prélèvements en eau par secteur d’activité :

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Nathalie Davoisne

Nathalie Davoisne est responsable des Relations extérieures, Médias et Études au Centre d'Information sur l'Eau.

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