Quelle exigence de qualité pour l’eau du robinet ?

Quelle exigence de qualité pour l’eau du robinet ?
Retour point par point sur la réglementation rigoureuse qui entoure l'eau potable
En France, l'eau qui coule à nos robinets est un produit des plus élaborés faisant l'objet de traitements et de contrôles. Pour quelles raisons, vous demandez-vous peut-être ? Tout simplement parce qu'il n'existe pratiquement plus, à l'état naturel, d'eaux conformes aux normes exigeantes de potabilité. Quelle est donc la réglementation en la matière ? Est-elle très sévère ? Notre eau est-elle garantie contre tous les risques immédiats ou à long terme ? Découvrez combien la qualité est la préoccupation première et constante des professionnels de l'eau.

Eau du robinet : un des produits alimentaires les plus contrôlés

Boire de l’eau du robinet est un geste simple et accessible à tous mais cette eau doit satisfaire l’ensemble des exigences sanitaires. Depuis la ressource naturelle, en passant par l’usine de potabilisation et le réseau de distribution, jusqu’au robinet, le traitement de l’eau et ses contrôles garantissent la qualité.

Dans la mesure du possible, les ressources naturelles les plus proches d’une commune sont généralement exploitées pour produire l’eau potable. Avant toute autorisation d’exploitation, la qualité des eaux doit être rigoureusement contrôlée, un éventuel traitement peut s’avérer nécessaire pour produire une eau conforme aux normes.

La qualité de l’eau se réfère à deux aspects :

  • santé et hygiène
  • confort et plaisir

La recherche du confort et du plaisir peut paraître secondaire par rapport à l’impératif sanitaire. Cependant, pour les utilisateurs habitués au confort domestique, elle est également devenue essentielle. Les professionnels de l’eau font donc tout pour répondre à cette attente. Boire de l’eau, qu’il s’agisse d’eau en bouteille ou d’eau du robinet, doit être un moment agréable et un geste totalement sûr pour les consommateurs.

« L’eau doit être aussi agréable à boire que les circonstances le permettent »
Organisation mondiale de la Santé (OMS)

Des normes strictes de qualité pour l'eau potable

En France, une réglementation sanitaire stricte s’applique aux eaux destinées à la consommation humaine (en sont exclues les eaux conditionnées). Elaborée par le ministère en charge de la Santé, à partir d’une directive européenne, elle figure au Code de la santé publique et est issue des arrêtés du 11 janvier 2007 et du 21 janvier 2010.

Objectifs ? Assurer la qualité sanitaire depuis la ressource en eau brute jusqu’à l’habitation. Cette réglementation est définie sur la base de travaux médicaux et les recommandations en vigueur de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Sont alors établies les doses maximales admissibles (DMA), soit la quantité d’une substance qu’une personne peut absorber quotidiennement et sans danger sa vie durant. Sur cette base, est calculée la teneur maximale tolérable dans l’eau du robinet, en gardant une marge de sécurité confortable.

Bon à savoir

  • Parmi les paramètres contrôlés dans l’eau du robinet, on distingue :
  • les limites de qualité, impératives, qui concernent des substances pouvant avoir une répercussion sur la santé
  • les références de qualité, qui sont des indicateurs reflétant le bon fonctionnement des installations de production d’eau potable.

De l'importance de la règlementation

« Les consommateurs sont toujours plus sensibles à la qualité de leur eau. La réglementation les protège »
Laurent VERDIER – Avocat

La réglementation française n’utilise jamais les termes « eau potable » ou « potabilité de l’eau » mais celui d’eau « propre à la consommation humaine ». Ainsi pour assurer une consommation d’eau moyenne de 2 litres par jour à une personne, tout au long de sa vie, et sans risque pour sa santé, il est essentiel que l’eau proposée à la consommation réponde à plus de 70 critères de qualité sanitaires ou environnementaux.

Zoom sur l’Article L.1321-1

Le Code de la Santé publique énonce le principe suivant : « Toute personne qui offre au public de l’eau en vue de l’alimentation humaine, à titre onéreux ou à titre gratuit et sous quelque forme que ce soit, y compris la glace alimentaire, est tenue de s’assurer que cette eau est propre à la consommation. L’utilisation d’eau impropre à la consommation pour la préparation et la conservation de toutes denrées et marchandises destinées à l’alimentation humaine est interdite. »

Ce texte s’applique à toutes les eaux destinées à la consommation humaine, définies ci-après :

  • Toutes les eaux qui sont destinées à la boisson, à la cuisson, à la préparation d’aliments ou à d’autres usages domestiques, qu’elles soient fournies par un réseau de distribution, à partir d’une citerne, d’un camion-citerne ou d’un bateau-citerne, en bouteille ou en conteneurs, y compris l’eau de source et l’eau minérale naturelle.
  • Toutes les eaux utilisées dans les entreprises alimentaires pour la fabrication, la transformation, la conservation de produits ou de substances destinés à la consommation humaine, qui peuvent affecter la salubrité de la denrée alimentaire finale, y compris la glace alimentaire d’origine hydrique.

Suivant le principe énoncé par le Code de la Santé publique, les responsables du traitement et de la distribution d’eau potable sont donc les communes.

Des professionnels de l'eau en recherche constante pour une eau de qualité au robinet

Dans un objectif permanent de qualité, l’Agence de l’eau doit veiller à une bonne utilisation des ressources pour produire une eau du robinet propre à être consommée. La recherche de la qualité s’exprime dans :

  • la sélection de l’eau brute
  • les traitements destinés à la mettre aux normes de sécurité sanitaire
  • les contrôles qui garantissent la qualité de l’eau distribuée.
  • Tout commence donc à la source, dès le captage d’eau.

La qualité des ressources en eau dépend de facteurs géographiques, hydrographiques et économiques (région agricole, urbaine ou industrielle). De fait, les traitements pour produire l’eau potable seront alors différents et plus ou moins complexes.

Ce qu’il faut savoir :

  • Les ressources en eau utilisables pour fournir de l’eau destinée à la distribution sont d’origine souterraine ou superficielle (lac, rivière, …).
  • Les ressources d’origine superficielle sont classées en trois catégories de qualité.

Les critères de classement prennent en compte de nombreux paramètres de différentes natures : caractéristiques physico-chimiques de l’eau, présence de substances « indésirables », présence de pesticides, qualité microbiologique et couleur de l’eau. Le plus mauvais facteur de l’analyse détermine alors le classement. Les ressources en eau qui ne satisfont pas aux critères retenus pour la 3ème catégorie sont exclues d’une utilisation pour la production et la distribution d’eau potable.

Les possibles pollutions de la ressource en eau

L’eau dans la nature est un milieu vivant qui renferme bien d’autres choses que des molécules H2o. L’eau pure n’existe pas à l’état naturel et contient toujours un petit quelque chose :

  • des matières dissoutes provenant des terrains traversés durant le cycle de l’eau (calcium, magnésium, sodium, potassium, bicarbonates, sulfates, chlorures, azote)
  • des particules d’argile qui forment une « éponge absorbante » susceptible d’attirer des bactéries et des molécules
  • des bactéries qui prolifèrent dans le milieu aquatique
  • des matières organiques provenant du cycle de décomposition des végétaux et des animaux.

La pollution de l’eau peut être également d’ordre chimique. Il en existe 3 types (chronique, accidentelle ou diffuse) :

  • La pollution chimique chronique peut être due, par exemple, au non-respect du périmètre de protection, au lessivage des sols mais aussi des chaussées et des toits par les pluies ou le rejet d’effluents par les industries (métaux lourds, hydrocarbures…)
  • La pollution diffuse est principalement causée par les pratiques agricoles : nitrates et produits phytosanitaires/pesticides (herbicides, insecticides, fongicides).
  • La pollution accidentelle résulte du déversement de produits toxiques (ex : produits d’entretien, résidus de médicaments, perturbateurs endocriniens) dans le milieu naturel et qui viennent perturber l’écosystème et notamment les milieux aquatiques. De tels polluants peuvent avoir des conséquences néfastes sur notre environnement et sur la santé publique.

Par ailleurs, de tous temps, les rejets de matières fécales provenant des animaux et de l’homme ont été évacués dans le sol ou déversés dans les cours d’eau. Ils y subissent une épuration naturelle. Mais s’ils parviennent trop rapidement à une ressource en eau, les micro organismes pathogènes qu’ils contiennent peuvent provoquer une pollution microbiologique. De nos jours, dans les pays développés, la désinfection systématique des eaux polluées a pratiquement éliminé tout risque de contamination pour l’homme. C’est bien l’objectif principal des traitements appliqués à l’eau, auxquels les entreprises assurant le service de l’eau, portent une vigilance de tous les instants.

La réglementation très stricte mise en place autour des processus de contrôle de la qualité de l’eau du robinet est donc conçue pour préserver les consommateurs de l’ensemble de ces risques éventuels. Le programme du contrôle sanitaire réalisé au niveau des captages, des stations de traitement et au robinet du consommateur s’est traduit en 2015, par la réalisation de plus de 312 000 prélèvements d’échantillons d’eau ayant conduit au recueil de plus de 16,5 millions de résultats analytiques.

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Marillys Macé

Directrice générale du Centre d’information sur l’eau, dont la vocation est d'apporter des connaissances pédagogiques sur l'eau distribuée et sur la gestion de l'eau en France, d'analyser les comportements des consommateurs et d'analyser le discours des médias.

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