Quel est l’état de l’eau en Europe ?

Eau en Europe
Malgré les progrès réalisés ces dernières années pour améliorer la qualité environnementale des eaux de surface et des eaux souterraines en Europe, les masses d’eau restent largement menacées par l’agriculture intensive, la pollution et la densité de la population entraînant une surexploitation des ressources.
Résultat : 60 % des masses d’eau en Europe ne parviennent pas à atteindre l’objectif fixé par l’Union Europe. Le Centre d'information sur l'eau fait le point sur l’état des eaux en Europe.

130 000 masses d’eau analysées dans toute l’Europe

L’Agence Européenne pour l’Environnement a publié en 2018 un « rapport de santé » de l’eau potable en Europe. Elle analyse sur une durée de 5 ans, près de 130 000 masses d’eau (eaux de surface et eaux souterraines). Ce premier rapport porte donc sur la période de surveillance couvrant la période de 2010 à 2015. Les pays de l’EU sont actuellement dans la deuxième période de suivi (2015-2021).

Ce rapport de l’AEE fournit à la Commission Européenne une précieuse base de données lui permettant d’évaluer les efforts à fournir par chacun des états membres pour se conformer aux objectifs fixés par la Directive-Cadre sur l’eau. En fonction des évaluations réalisées, les pays de l’UE devront mettre en œuvre un Plan de Gestion de District Hydrographique (PGDH) ainsi qu’une série de mesures visant à améliorer la qualité de l’eau potable en Europe.

Comment « l’état de santé » des masses d’eau est-il évalué ?

L’état écologique de l’eau est l’indicateur global le plus fiable pour évaluer l’état de santé d’une masse d’eau. Il dépend de l’impact sur la qualité de l’eau de plusieurs facteurs :

  • La pollution :  diffuse, telle que le ruissellement agricole, ou ponctuelle comme le rejet des eaux usées dans la nature
  • Le dérèglement climatique
  • La dégradation de l’habitat
  • Le nombre de barrages construits par l’homme

L’état des eaux de surface est évalué sur une échelle à 5 niveaux : « Très bon », « bon », « moyen », « médiocre » et « mauvais ».

Les eaux souterraines sont, quant à elles, classées en deux catégories : « Bon » et « Médiocre ».

Des efforts considérables réalisés par l’UE…

D’après le dernier rapport de l’Agence Européenne pour l’Environnement portant sur l’analyse de l’eau potable et l’état des pressions en eau en 2018, il ressort que l’ensemble des États membres de L’Union Européenne a mis en œuvre des dispositifs pour améliorer la qualité de l’eau, comme l’amélioration du traitement des eaux usées, la réduction du ruissellement des polluants issus de l’agriculture ou encore des mesures pour favoriser la circulation des poissons migrateurs favorisant ainsi la restauration des écosystèmes dégradés.

De nombreux états membres ont en effet amélioré leurs programmes de surveillance écologique et chimique de l’eau en vue de mieux comprendre l’état et les pressions de l’eau.

Tous ces efforts fournis par les états membres, notamment grâce à la Directive-Cadre sur l’eau, ont permis de réduire les sources de pollution provenant de l’agriculture, de l’industrie et des ménages.

… Mais des constats qui interrogent

Selon ce même rapport de l’AEE :

  • 74 % des eaux souterraines (aquifères) en Europe présentent un « bon état chimique ».
  • Hélas, seulement 40 % des eaux de surface (lacs, rivières, eaux côtières, eaux de transition comme les estuaires…) présent un état écologique « bon » ou « très bon », objectif minimal fixé par la Directive-Cadre sur l’Eau.
  • Quant aux eaux maritimes, seuls 9 % des habitats marins évalués et 7 % des espèces marines présentent un état de conservation favorable.

D’une manière générale, ce sont dans les pays d’Europe centrale que l’eau est la plus dégradée : en Allemagne, en Belgique et aux Pays bas, principalement du fait d’une très forte densité de population entraînant une surexploitation des ressources naturelles en eau et une pratique élevée de l’agriculture intensive.

Inversement, les masses d’eau évaluées en Écosse, dans le nord de la Scandinavie, en Estonie, en Roumanie, en Slovaquie, ainsi que dans certaines régions méditerranéennes présentent un meilleur état écologique que leurs voisins d’Europe centrale.

Les principales causes de la dégradation de l’eau en Europe

Si les objectifs minimaux de « bon état » fixés par l’UE n’ont pas été atteints, et principalement dans les eaux de surface, cela s’explique pour plusieurs raisons :

  • Les nitrates provenant des ruissellements agricoles et de la production métallurgique contaminent les masses d’eaux : en Europe, le mercure et le cadmium sont les principaux métaux lourds retrouvés dans les échantillons prélevés.
  • Les intrusions salines détériorent les eaux souterraines et menacent la quantité d’eau douce disponible.
  • Les sites contaminés (ex : sites industriels, zones minières ou zones de stockage de déchets) déversent des produits dangereux dans la nature entraînant une pollution des masses d’eau.

Des efforts à poursuivre et à intensifier

Selon Karmenu Vella, membre de la Commission européenne chargé de l’environnement, des affaires maritimes et de la pêche :

« Grâce à la mise en œuvre de la législation européenne sur l’eau dans les États membres, la qualité de l’eau douce en Europe s’améliore progressivement, mais il reste encore beaucoup à faire avant que tous les lacs, rivières, eaux côtières et masses d’eau souterraine soient en bon état. La lutte contre la pollution due à l’agriculture, à l’industrie et aux ménages exige des efforts conjoints de l’ensemble des usagers de l’eau dans toute l’Europe »

Et selon Hans Bruyninckx, directeur exécutif de l’AEE :

« Nous devons redoubler d’efforts pour faire en sorte que nos eaux soient aussi propres et résilientes qu’elles devraient l’être – notre propre bien-être et la santé de nos écosystèmes aquatiques et marins vitaux en dépendent. C’est essentiel à la viabilité à long terme de nos eaux et à la réalisation de nos objectifs à long terme de bien vivre dans les limites de notre planète ».

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