Pourquoi est-il intéressant de traquer la Covid 19 dans les eaux usées ?

Analyse des eaux usées
De nombreux spécialistes évoquent le fait d’utiliser les eaux usées pour traquer la COVID-19. Comment et pourquoi ? Nous vous disons tout.
En 2020, l’épidémie de la COVID-19 a touché le monde entier, faisant à ce jour plus de 2 millions de morts à travers la planète. Cette nouvelle maladie qui touche l’ensemble de la population est, évidemment, particulièrement prise au sérieux. Ainsi, comme le Président de la République l’a précisé à de nombreuses reprises, il est particulièrement important de « tester, tracer, isoler et soigner ».
Bien que nous connaissions les différents tests en vigueur, savez-vous qu’il est aussi possible d’utiliser les eaux usées pour traquer la COVID-19 ?
Découvrez comment le traitement et l’analyse des eaux usées peut aider à lutter contre la maladie.

Pourquoi la qualité de l’eau est-elle un indicateur
à prendre au sérieux ?

Avant d’évoquer le lien entre analyse et traitement de l’eau et COVID-19, il faut bien comprendre le principe des eaux usées. Nous en trouvons 3 sortes : les eaux pluviales, les eaux industrielles et les eaux domestiques. Impropres à la consommation, ces eaux sont traitées par des stations d’épuration avant d’être rejetées dans la nature.

Ici, ce sont les eaux usées domestiques qui nous intéressent. En effet, les excréments humains permettent de mettre en évidence de précieux indices pour évaluer la bonne santé d’un individu.

Ainsi, des traces de la COVID-19se retrouvent dans les selles de personnes contaminées. L’idée est donc de se servir des eaux usées pour détecter la présence de la maladie au sein de la population.

Enregistrement du niveau de contamination de l’eau :
ce que ça indique

Aujourd’hui, nous ne sommes pas encore capables de lier la concentration virale dans les eaux usées à la concentration du nombre de personnes atteintes par la COVID-19. Toutefois, cela indique une tendance et peut favoriser une prise de décision rapide de la part des gouvernements mais également ds collectivités locales.

En effet, lors du pic épidémique de mars-avril 2020, on a mesuré des pics pouvant aller jusqu’à un million de génomes par litre dans les eaux usées arrivant au centre de traitement des eaux. Cela a diminué avec le confinement et est revenu à la hausse depuis juin 2020.

Ces données sont importantes, car elles permettent d’anticiper une explosion épidémique.

Comment détecter le Coronavirus dans les eaux usées ?

Comme précisé précédemment, les tests des eaux usées d’aujourd’hui manquent de précision. Pour autant, ils peuvent tout de même indiquer une tendance. Pour faire ces tests, sont utilisées les mêmes techniques PCR que les médecins emploient pour les prélèvements et analyses rhino-pharyngés des patients susceptibles d’être contaminés.

À noter : bien que différentes recherches soient en cours, nous ne connaissons pas le temps de survie de la COVID-19 dans les eaux usées. Par contre, il semble que le virus présent dans les eaux usées ne soit plus infectieux : seule est présente la « carte d’identité » (l’ADN) du virus.

De quelle façon les analyses des eaux usées peuvent-elles
aider la recherche et le traitement ?

En plus d’apprendre à connaitre la maladie et de s’assurer d’un véritable assainissement de l’eau à la sortie, l’analyse des eaux usées comporte de nombreux avantages.

Avant toutes choses, cela permet d’identifier précisément les zones les plus touchées par le virus. Et donc de pouvoir agir, si besoin est, à un niveau régional ou local voire même au niveau d’un bâtiment précis (un hôpital, un aéroport ou un EHPAD, par exemple). Et non plus à l’échelle nationale.

Ce faisant, s’intéresser aux eaux usées offre aux instances décisionnaires de meilleurs outils pour combattre autant la COVID-19 que les nouvelles maladies qui peuvent apparaitre dans les années à venir. Mais aussi les épidémies récurrentes (la grippe pour ne citer qu’elle). Offrir des informations précoces de l’émergence d’une maladie permet de mettre au point des indicateurs d’alerte précis et avoir une meilleure vue sur le virus en pouvant estimer, par exemple, le nombre de personnes asymptomatiques ou en constatant de l’efficacité des mesures prises. Mais aussi mettre en évidence des clusters.

Toutefois, cela implique des mesures régulières, voire quotidiennes. Ce qui représente un certain coût aussi bien au niveau logistique qu’en termes de capacité d’analyse.

Finalement, ces données sur les eaux usées sont des informations facilement transmissibles à la population afin, d’un côté, d’apporter plus de transparence et, de l’autre, de pouvoir informer précisément sur le développement géographique de la maladie. Cela pour, peut-être, faire plus facilement accepter des mesures plus ou moins drastiques (tel que le confinement ou les couvre-feux) mais adaptées.

Ainsi, il devient évident que le traitement et l’analyse des eaux usées seront des éléments à prendre en compte pour espérer lutter efficacement contre les maladies nouvelles ou saisonnières.

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Nathalie Davoisne

Nathalie Davoisne est responsable des Relations extérieures, Médias et Études au Centre d'Information sur l'Eau.

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