L’eau courante : Une ressource si précieuse qui coule dans nos robinets

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L’eau courante est tout simplement de l’eau potable destinée à la consommation humaine et distribuée par un réseau de canalisations. On l’appelle également eau du réseau. C’est une ressource indispensable à la vie humaine, mais qui n’est pas inépuisable. Pour mieux comprendre ce précieux liquide, découvrons d’où vient l’eau courante, ce qui la rend potable, puis comment elle parvient jusqu’à nos robinets, et enfin qui la gère et comment peut-on préserver notre ressource naturelle en eau ?

D’où vient l’eau courante ?

Depuis son captage jusqu’à notre robinet puis au retour dans son milieu naturel, l’eau suit un parcours appelé cycle de l’eau domestique, ou petit cycle de l’eau, qui nous permet d’utiliser et de boire de l’eau potable en toute sécurité.

En France, l’eau que nous consommons provient à 60 % des eaux souterraines (nappes phréatiques et nappes captives plus profondes issues de l’infiltration des eaux pluviales) et à 40 % des eaux de surfaces (rivières, lacs, fleuves). Cette proportion varie selon les régions et leurs caractéristiques géologiques. Par exemple, l’eau d’Alsace provient essentiellement des nappes phréatiques alors que dans les régions montagneuses, elle est principalement puisée dans les lacs et les rivières. Dans d’autres régions du monde (très rarement en France), l’eau provient du dessalement de l’eau de la mer.

Lors de son captage (par pompage ou forage), l’eau est généralement impropre à la consommation, un traitement s’impose pour la débarrasser de ses impuretés et la rendre potable. L’eau courante fait l’objet de contrôles sanitaires tout au long de son parcours : captage,  potabilisation et distribution. Ces contrôles sont effectués par l’Agence Régionale de Santé (ARS) et permet de garantir une consommation d’eau sans risque pour la santé.

Comment devient-elle potable ?

La plupart du temps, l’eau captée en milieu naturel n’est pas directement consommable. Le traitement de l’eau pour la rendre potable dépend de la qualité de l’eau brute qui est prélevée, suivant son origine (cours d’eau, lac, nappe souterraine) et son environnement immédiat (présence d’usines polluantes, nature des sols, proximité de zones agricoles). En fonction de ces critères, le traitement sera plus ou moins ou complexe et coûteux, c’est pourquoi la facture varie varie d’une région à l’autre.

L’eau captée peut être chargée de sables, de résidus de matières organiques ou minérales et autres substances dissoutes qui la rendent opaque avec parfois une odeur désagréable. Ainsi, le traitement de l’eau comporte plusieurs étapes pour la rendre potable :

La clarification

Le dégrillage et le tamisage permet de débarrasser l’eau des éléments solides (cailloux, plastiques, branchages…).

La clarification permet ensuite d’éliminer les matières en suspension par floculation, c’est-à-dire en agglomérant les particules en suspensions sous forme de flocons à l’aide d’un réactif chimique (ex : sel d’aluminium). Les flocons étant plus lourds que l’eau se déposent au fond d’un bassin de décantation et sont ensuite évacués sous formes de boues.

La filtration sur lit de sable permet d’achever l’étape de clarification en éliminant les derniers flocons en faisant passer l’eau à travers une épaisse couche de sable placé sur un plancher poreux. Ce filtre est régulièrement nettoyé par un système d’air et eau envoyés à contre-courant permettant aux flocons de se détacher du sable et de laisser une eau totalement clarifiée.

Désinfection

Cette étape permet d’éliminer tous les micro-organismes pouvant être dangereux pour notre santé. Plusieurs techniques sont possibles :

La chloration (ou stérilisation par le chlore) est la technique la plus couramment utilisée. Il s’agit d’injecter dans l’eau, de l’eau de javel, du chlore gazeux ou encore du dioxyde de chlore suivant des dosages très précis.

L’ozonation (ou stérilisation par l’ozone) est une technique qui utilise le pouvoir désinfectant de l’ozone, sous forme de bulles d’air ozonées mises en contact avec l’eau. La dissolution de l’ozone dans l’eau permet de détruire les éléments pathogènes. Toutefois son action est limitée dans le temps, elle ne peut donc pas assurer à elle-seule la désinfection de l’eau tout au long de son parcours jusqu’à nos robinets.

Affinage

Afin de garantir l’absence totale d’éléments nocifs, comme les pesticides, un traitement complémentaire est nécessaire. Il s’agit de retenir les micro-polluants organiques à l’aide d’ozone et de charbon actif. Cela permet d’évacuer les dernières traces de micro-organismes pathogènes et responsables bien souvent du mauvais goût et des mauvaises odeurs de l’eau.

Comment arrive-t-elle dans nos robinets ?

Pour arriver jusqu’à nous, l’eau passe par un circuit de distribution d’eau potable composé d’un réseau de canalisations qui relient l’usine de production aux lieux de stockage et d’utilisation de l’eau.

Lorsqu’elle sort de l’usine de potabilisation, l’eau potable est acheminée par des pompes de refoulement dans la partie haute d’un château d’eau qui fait office de lieu de stockage. La pression de cette eau placée en hauteur permet d’alimenter tout le réseau en eau courante : ménages, entreprises, bâtiments publics…

Qui contrôle et gère l’eau courante ?

En France, ce sont les communes qui sont responsables de distribution de l’eau. Différents modes de gestions sont possibles (régie directe, gestion déléguée, affermage…), Généralement la commune (ou la communauté d’agglomération) finance et réalise les équipements de production et de distribution, et une entreprise délégataire en assure l’entretien et l’exploitation.

Qu’elles soient publiques ou privées, les services d’eau pour mission :

  • D’assurer l’exploitation des usines de production d’eau potable
  • D’entretenir le réseau de canalisations en charge d’acheminer l’eau
  • De relever les compteurs d’eau pour contrôler la consommation d’eau dans chaque foyer
  • De gérer la facturation auprès des consommateurs
  • De réaliser des contrôles réguliers pour garantir la qualité sanitaire de l’eau

Comment préserver nos ressources naturelles en eau ?

Afin de garantir une eau brute la moins dégradée possible et donc éviter des traitements trop coûteux, il est important de protéger les zones de captage. Chaque point de captage est entouré d’une aire d’alimentation dans laquelle l’eau s’infiltre ou ruisselle en permanence. Il est important de préserver ces zones des pollutions diffuses susceptibles d’altérer la qualité de l’eau prélevée. C’est pourquoi des procédures de déclaration d’utilité publique (DUP) ont mis en place des périmètres de protection de captage (PPC) autour des points de captage publics dont l’eau prélevée est destinée à la consommation humaine.

Si nos eaux usées ne sont pas systématiquement nettoyées avant d’être rejetées dans le milieu naturel, elles risquent de détériorer l’environnement qui ne serait alors plus en capacité de fournir suffisamment d’eau, augmentant ainsi le risque de pénurie. C’est pourquoi le traitement des eaux usées dans des stations d’épuration est absolument essentiel pour préserver nos ressources naturelles.

Enfin, le réchauffement climatique et l’accroissement des activités humaines constituent une véritable menace pour la quantité et la qualité de nos ressources en eau. C’est pourquoi la population est de plus en plus sensibilisée à la préservation de l’environnement et de nombreux éco-gestes permettent d’y apporter sa contribution au quotidien. Ces actions citoyennes couplées à une gestion optimale des services de l’eau sont le meilleur rempart contre le risque de pénurie et une mauvaise qualité des ressources en eau.

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Marillys Macé

Directrice générale du Centre d’information sur l’eau, dont la vocation est d'apporter des connaissances pédagogiques sur l'eau distribuée et sur la gestion de l'eau en France, d'analyser les comportements des consommateurs et d'analyser le discours des médias.

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