Baromètre Kantar / Cieau « Les Français et l’eau » : 26 ans d’opinion
Cette année a, évidemment, été marquée par les canicules et la sécheresse inédite de l’été 2022.
La totalité des départements ont été touchés par des restrictions ; nous avons même assisté à des suspensions ponctuelles de distribution d’eau dans des dizaines de communes. Et l’ensemble des médias s’est penché, des semaines durant, sur les enjeux de disponibilité de l’eau… tels que la France n’en avait pas connus depuis des décennies.
Face à ce qui ressemble au début d’un bouleversement de notre rapport à l’eau, il est plus que jamais essentiel d’être en prise avec l’opinion des Français, leurs attentes, leurs craintes, leurs convictions. Le Centre d’Information sur l’Eau s’est donc attaché, cette année, à suivre au plus près l’évolution des perceptions du pays.
Le terrain du baromètre annuel “Les Français et l’eau” a eu lieu à la fin du printemps 2022, soit juste avant les pics de canicule de l’été. Afin de mesurer l’impact de cette période critique nous les avons donc interrogés, à nouveau, sur quelques indicateurs majeurs en lien avec le sujet, à l’automne. Sans surprise, nous constatons une inflexion des résultats sur la quasi-totalité des questions posées.
La sensibilité environnementale des Français semble plus aiguisée, notamment sur l’attention qu’ils portent à la ressource en eau ou à leur acceptation d’une nécessité de changer leurs habitude.
Quatre faits majeurs se distinguent au sein de cette édition 2022 :
- La crainte de manquer d’eau dans sa région n’a jamais été aussi marquée
- Modifier leurs habitudes, se montrer toujours plus attentifs à leurs consommations, faire confiance à l’innovation technologique ou voir évoluer la réglementation… les Français savent que leur rapport à l’eau devra s’adapter au dérèglement climatique.
- Le taux de confiance dans l’eau du robinet reste élevé, de même que la satisfaction du service délivré.
- Le match de la consommation quotidienne tourne toujours à l’avantage du robinet face à la bouteille.
La satisfaction envers les services de l’eau est stable d’année en année : près de 9 personnes sur 10 (88 % ) s’en disent satisfaits. On note cette année une proportion plus élevée de Français qui se disent “très satisfaits” de leurs services d’eau (29 % vs 22 % en 2021).
Ils sont sensiblement plus nombreux cette année (69 % vs 64 % en 2021) à être convaincus qu’ils manqueront d’eau. En un peu plus de 25 ans, le basculement de l’opinion sur la crainte de manquer d’eau est spectaculaire, puisqu’en 1996 seuls 32 % craignaient de manquer d’eau dans l’avenir. En 2022 ce pourcentage a plus que doublé !
Il est d’ailleurs à noter que, suite à l’été 2022, l’attention portée à ses consommations d’eau s’est vigoureusement renforcée : si elle était restée stable entre 2021 et mi 2022 (87 % ), le chiffre a sensiblement progressé après l’été, pour atteindre 92 % .
De même, après cet été, la conviction de l’impact du dérèglement climatique sur le manque d’eau a fait un bond de presque 10 points avec, désormais, 92 % de Français partageant cette certitude.
Confrontés à cette nouvelle donne, largement imputable au dérèglement climatique, quelles solutions attendent les Français ?
Seuls 27 % estiment qu’ils pourront ne rien changer à leurs habitudes. 66 % se prononcent en faveur d’une réglementation qui limiterait les consommations. 79 % admettent qu’il conviendra de modifier les habitudes de d’utilisation. Enfin, 67 % pensent qu’il faut investir dans des technologies qui permettraient de conserver le même confort d’usage de l’eau.
Dans ce domaine, 76 % souhaitent être aidés à réduire leur consommation grâce à un compteur d’eau “intelligent” qui, notamment, les alerterait en cas de dépassement d’un certain seuil. On constate également une adhésion très nette au principe de réutilisation des eaux usées traitées, 80 % se déclarant par exemple prêts à consommer des fruits et légumes arrosés grâce à ce type de ressource alternative.
Le taux de confiance dans l’eau du robinet (85 % ) ne se dément pas, et les motifs d’insatisfaction demeurent liés au calcaire et au goût… un goût de l’eau du robinet qui recueille cependant l’approbation des trois quarts des Français (75 % ) et qui augmente même de 3 points parmi les très satisfaits (31 % vs 28 % en 2021).
La balance de consommation quotidienne, « eau du robinet / eau en bouteille » penche toujours en faveur du robinet (67 % déclarent boire quotidiennement de l’eau du robinet vs 47 % pour l’eau en bouteille).
Les Français restent avant tout des « buveurs mixtes » : 74 % boivent indifféremment de l’eau du robinet et de l’eau en bouteille.
Les raisons avancées de boire de l’eau du robinet sont d’abord liées à des motifs de commodité d’usage (57 % ), au fait qu’il s’agit – de très loin ! – de l’eau la moins chère (51 % ), et à sa qualité (52 % ).
Interrogés sur le prix du service de l’eau, les consommateurs sont 59 % à estimer qu’elle est « plutôt chère ». Une proportion en progression sensible pense que l’eau sera plus chère dans les prochaines années (89 % vs 81 % en 2021).
Le pronostic largement partagé d’une future hausse de prix, dans les années à venir est avant tout associé à la crainte de manquer d’eau et à l’inflation, mais aussi à l’augmentation du prix des traitements, consécutifs à la pollution des ressources.
Environ 6 Français sur 10 seraient, pour autant, disposés à payer le service de l’eau plus cher, avec des taux d’adhésion variables selon les buts recherchés : 65 % pour préserver les ressources, 61 % pour le financement de la réutilisation des eaux usées traitées, 62 % pour sauvegarder la biodiversité, ou encore 55 % pour en améliorer le goût.
Alors que la préservation des ressources serait la justification la plus acceptable d’une hausse du prix du service de l’eau, 69 % sont précisément convaincus qu’elles continueront à se dégrader, soit 8 points de plus qu’en 2021 (61 % ).
La majorité des Français est consciente que son comportement influe sur la préservation des ressources de la pollution. Malgré un léger tassement cette année, 82 % (vs 87 % en 2021) estiment avoir un rôle à jouer. Tassement également constaté parmi ceux, conscients de contribuer à cette pollution (65 % vs 68 % ).
La dépollution des eaux usées est un enjeu environnemental. Près de 8 Français sur 10 le reconnaissent, notamment pour les générations futures (78 % ), pour protéger l’environnement (77 % ). Près des trois quarts (74 % ) estiment que la réutilisation des eaux usées traitées pour moins puiser dans les ressources est une solution très importante.
Plus de la moitié des Français s’estiment bien informés sur les sujets liés à l’eau. Cet indicateur a beaucoup augmenté depuis l’origine du baromètre (19 % en 1996 vs 54 % en 2022). Les sujets d’interrogations sont toujours liés à la qualité, et tout particulièrement à la santé.
Contact presse : Nathalie Davoisne – [email protected] – 06 37 71 84 72