L’eau : l’aliment le plus contrôlé en France

Contrôle de l'eau
Avec chaque année 18,5 millions d'analyses réalisées par les autorités sanitaires et 9,3 millions par les entreprises de l’eau, l'eau du robinet est le produit alimentaire le plus contrôlé.
Indispensable à toute vie humaine, l’eau est un aliment dont l’importance est essentielle au fonctionnement de notre organisme. Elle doit non seulement être accessible en quantité suffisante mais aussi être d’une qualité irréprochable pour pouvoir être consommée sans risque pour la santé humaine. Provenant des eaux souterraines et des eaux de surface, l’eau du robinet (ou eau de distribution publique) est traitée pour respecter les exigences de la réglementation européenne déclinée dans le droit français. Sur les 33 400 captages prélevant dans des nappes d’eau souterraine ou des ressources superficielles ; 78 % d’entre eux, soit 85 % des débits d’eau produits, bénéficiaient à la fin de l’année 2018 de périmètres de protection.

Des critères de potabilité à respecter pour une consommation sans danger

Bien qu’étant généralement de bonne qualité lors de son captage, grâce à la filtration naturelle des sols, l’eau puisée n’est pas pour autant propre à la
consommation humaine. Captées dans leur milieu naturel, les eaux doivent subir une série de traitements de potabilisation pour se conformer aux normes européennes en respectant 63 critères de qualité :

  • Des paramètres physico-chimiques
  • Des paramètres organoleptiques
  • Des paramètres microbiologiques
  • Des paramètres liés aux substances indésirables
  • Des paramètres liés aux substances toxiques

Le respect de ces normes de qualité grâce aux traitements mis en place dans les stations de production d’eau potable permet une consommation de l’eau sans risque pour tous et notamment les personnes les plus vulnérables comme les nourrissons, les femmes enceintes, etc.

Quels sont les 63 critères de potabilité de l’eau ?

L’eau du robinet sert à de nombreux usages (consommation alimentaire, hygiène corporelle, entretien domestique, lavage du linge, etc.) et à ce titre, elle doit respecter les exigences de qualité fixées par la réglementation pour permettre une consommation humaine sans effet néfaste pour la santé.

Les traitements réalisés permettent ainsi à l’eau d’éliminer les micro-organismes pathogènes ainsi que toute autre substance indésirable ou toxique, en vue de fournir une eau de qualité irréprochable à la population. Ces traitements permettent de maintenir la qualité microbiologique et physico-chimique de l’eau dans les canalisations jusqu’à leur arrivée dans les robinets des consommateurs.

Les paramètres physico-chimiques

Le pH, la température, la conductivité ou encore la dureté de l’eau sont des paramètres physico-chimiques qui font l’objet de contrôles pour délimiter les quantités maximales à ne pas dépasser pour certains composants comme les ions, les chlorures, le potassium et les sulfates. Voici quelques exemples de critères physico-chimiques à respecter :

  • La teneur en sulfate doit être inférieure à 250 mg/l
  • La teneur en chlorures doit être inférieure à 200 mg/l
  • La teneur en potassium doit être inférieure à 12 mg/l
  • Le pH de l’eau doit être compris entre 6,5 et 9 –
  • Le TH soit la dureté de l’eau, qui correspond à la mesure de la teneur d’une eau en ions calcium et magnésium, doit être supérieur à 15 degrés français. Autrement dit, une eau ne doit pas posséder moins de 60 mg/l de calcium ou 36 mg/l de magnésium, sinon elle sera jugée trop douce : pour ne pas corroder les canalisations, elle devra faire l’objet de minéralisation et/ou de neutralisation pour retrouver un équilibre calco-carbonique.

Les paramètres organoleptiques (goût et odeur)

Ici, il s’agit de contrôler la couleur, le goût et l’odeur de l’eau. Celle-ci doit être claire, inodore et agréable à boire. N’ayant pas de valeur sanitaire directe, ces paramètres sont toutefois pris en compte pour assurer le confort de consommation de l’eau.

Les paramètres microbiologiques

Les contrôles microbiologiques permettent de garantir que l’eau ne contient aucun germe pathogène, comme les virus, les bactéries ou les parasites, pouvant provoquer des maladies, voire de épidémies.

Les paramètres liés aux substances indésirables

On entend par substances indésirables, les nitrates, le fluor, les nitrites ou encore les pesticides.

  • La teneur en nitrates ne doit pas dépasser 50 mg/l
  • La teneur en fluor doit être inférieure à 1.5 mg/l

Les paramètres liés aux substances toxiques

Les micropolluants comme le cyanure, le chrome, l’arsenic, le nickel, le sélénium et certains hydrocarbures, font l’objet de contrôles très stricts et doivent répondre à des critères particulièrement sévères pour écarter tout risque de toxicité. Leur teneur tolérée est de l’ordre du millionième du gramme.

Qui contrôle l’eau ?

Ce sont à la fois les responsables de la production et de la distribution d’eau ainsi que les Agences Régionales de Santé (ARS), qui surveillent la qualité de l’eau. Le contrôle officiel effectué par les ARS est mis en œuvre en toute indépendance par rapport aux responsables de la production et de la distribution.

Chaque étape du cycle domestique de l’eau est soumise à des contrôles permanents dans le cadre d’un dispositif réglementaire qui encadre la qualité de l’eau destinée à la consommation humaine. Ces exigences concernent aussi bien les moyens utilisés pour assurer la qualité de l’eau que les résultats obtenus sur les prélèvements analysés.

L’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation) intervient à dans le contrôle de l’eau à plusieurs titres :

  • Elle évalue les risques sanitaires liés à la présence de micro-organismes ou de polluants chimiques dans les ressources en eau ainsi que dans l’eau
    destinée à la consommation humaine.
  • Elle évalue l’innocuité et l’efficacité des process et des produits de traitement de l’eau.
  • Elle évalue l’innocuité sanitaire des matériaux entrant en contact avec l’eau de distribution publique.
  • Elle donne son avis :
    • Sur les nouvelles techniques de traitement et les produits utilisés dans les usines de potabilisation,
    • Sur les produits de nettoyage des châteaux d’eau et des autres lieux de stockage,
    • Sur les désinfectants utilisés.
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Philippe Beaulieu

Médecin, Responsable du département Qualité-Santé du C.I.eau

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